Immigration choisie ? A-t-on vraiment le choix ?

Le débat, en France et ailleurs, sur l’immigration choisie n’est qu’un discours destiné à surfer dans le sens du poil d’une partie de l’opinion, qui permet aux politiques de donner le sentiment d’une maîtrise possible de la situation.

D’abord, d’après l’OCDE, les flux migratoires ne sont pas ceux que l’on craint, même après l’ouverture des frontières aux nouveaux pays de l’Union Européenne.

Or d’après la même organisme, les besoins des économies de l’Union Européenne seront d’environ 50 millions d’immigrants dans les cinquante ans à venir, ne serait-ce que pour maintenir le niveau de développement économique au stade actuel, toutes choses égales par ailleurs.

Ensuite, une politique migratoire qui n’accepte des immigrants que sur des critères de qualifications correspondant aux besoins de l’économie revient à une forme de néo-colonialisme, qui consiste à « pomper » les compétences des pays pauvres, sans avoir eu les frais de formation à financer. Tout bénéfice. A cette réserve près que …qui peut savoir quels seront les besoins de l’économie dans 10 ans ? Dans le contexte de libéralisation de l’économie mondiale, qui fait des prévisions macro-économiques au-delà de 3 ou 5 ans ? A moins qu’on ne considère que les contrats seront tous à durée déterminée.

De plus – et le plus absurde – on pose des restrictions de plus en plus contraignantes pour le renvoi des « sans statuts » (et non pas toujours des « sans-papiers »), y compris avec enfants, alors que souvent les enfants d’immigrés (y compris les milliers d’enfants clandestins) qui ont été scolarisés pendant des années sont, non seulement parfaitement intégrés, mais souvent le vecteur d’intégration de toute la famille. On dépense parfois des sommes importantes – et justifiées – pour l’intégration des étrangers, mais les mineurs (dont certains sont nés dans le pays d’accueil, et dont les parents sont expulsés (parfois après plusieurs années de résidence), doivent « rentrer au pays »…

Il faut dire les choses comme elles sont : pour l’instant – surtout en période pré-électorale – le discours politique surfe sur la peur des immigrés qui transpire des sondages. Mais dans cinq, dix ou quinze ans, nous assisterons à une pression du lobby économique qui sera telle que le discours politique se retournera à 180 degrés, car tout le monde se rendra compte qu’avec le vieillissement de la population, les économies risqueront l’effondrement.
Mais il faudra attendre qu’une nouvelle génération politique apparaisse.

5 Responses to Immigration choisie ? A-t-on vraiment le choix ?

  1. Larsen dit :

    A qui profite l’aide au retour ?
    Un témoignage à écouter

    http://larsen.blog.lemonde.fr/larsen/

  2. Nico dit :

    C’est vrai tout ça, mais à court terme, il faut bien constater que l’immigration pose problème, car nous ne sommes pas en mesure d’acceuillir des milliers d’immigrés dans de bonnes dispositions en vue de leur intégration dans la société…
    Alors que faire ? A-t-on le temps d’attendre ??

  3. polluxe dit :

    pour info un point de vue original sur http://polluxe.free.fr/wordpress/?p=91 car pour agir il faut bien comprendre les ressorts du phénomène

  4. Philippe dit :

    @Nico: tu dis « nous ne sommes pas en mesure d’acceuillir des milliers d’immigrés dans de bonnes dispositions en vue de leur intégration dans la société… » Ca, c’est une idée reçue…. mais il faudrait des faits pour l’étayer. C’est actuellement un choix de société.

  5. […] “Immigration choisie : a-t-on vraiment le choix ? […]

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