Rob Lawrie : quelles leçons apprises ?

24.01.16

Nul ne doute, sur le plan humain, de la sincérité ni de la légitimité du geste de l’ancien militaire britannique Rob Lawrie, qui a cédé à la pression d’un père afghan, réfugié près de Calais, qui le suppliait d’emmener sa fille chez d’autres membres de sa famille déjà installés à proximité de son domicile en Angleterre.

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Mais certaines réactions publiques de différentes personnalités – tout aussi honorables – nous amènent cependant à une certaine prudence : dans le passé, plusieurs situations d’urgence humanitaire dramatique ont aussi été l’occasion de gestes spontanés  de sauvetages d’enfants, soit par des personnes à titre individuel, soit par des associations, y compris des ONG.

On rappellera l’avion de l’épouse d’un ancien président italien qui avait convoyé, en 1994, après le génocide, une bonne centaine d’enfants du Rwanda pour adoption en Italie.
Ou encore l’opération-commando, en 2004, d’un groupe de religieux américains qui avaient emmené une trentaine d’enfants que leurs parents suppliaient de les évacuer de Haîti « pour leur donner un avenir« , après le tremblement de terre. Ces religieux  ont été arrêté à l’aéroport de Port-au-Prince pour « enlèvement d’enfants ».

Mais la question fondamentale posée reste la suivante : comment peut-on concilier le secours immédiat d’un être humain en détresse, et éviter ainsi la « non-assistance à personne en danger »  avec la célérité nécessaire, sans pour autant être poursuivi pour enlèvement, voire trafic d’enfants ?

C’est là que des décennies d’expérience de l’action humanitaire nous permettent de penser ceci :
La France est le pays d’origine de quantité d’ONG humanitaires capables de répondre à des situations d’urgence de réfugiés dans le monde entier et dans les 48 heures… avec les compétences et les moyens appropriés, et en se coordonnant en bonne intelligence.

A Calais et alentour, de milliers de réfugiés pataugent nuit et jour dans la boue avec des centaines d’enfants depuis des mois, en plein hiver…
Alors que ces mêmes gouvernements subventionnent des centaines d’ONG pour des actions humanitaires d’ugences au-delà de 5 000 kms, on découvre avec effarement qu’il est impossible d’organiser un camp de 2 500 personnes à Calais.
Plusieurs ONG font ce qu’elles peuvent, et même si le gouvernement vient de faire installer des appartements-containers pour 250 familles… on a l’impression – minable – après plusieurs mois, qu’il est beaucoup plus simple de coordonner une action conjointe Gouvernement-ONG (parfois même avec l’aide logistique de l’armée) à plus de 5 000 kms que sur territoire français, à 300 kms de Paris …
«  Orbi « , oui peut-être, mais sûrement pas  » urbi « …

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Quant au destin des enfants, dans le cas précis, cette fillette a de la famille en Angleterre : il eût été élémentaire d’imaginer que des procédures juridiquement acceptables, sinon totalement légales, puissent être facilitées pour des regroupememts familiaux de ce type, y compris avec le père.

Pourquoi les enfants n’auraient-ils pas le droit au regroupement familial avec leurs parents ? Parce que les enfants n’ont pas les moyens de protester, ni de se plaindre sur BFM-TV ?
Cela sert à quoi d’avoir en permanence le discours, à longueur de buzz médiatiques, sur l » intérêt supérieur de l’enfant « , si on n’est pas fichu de résoudre un cas comme celui de cette fillette ? L’acte individuel de Rob Lawrie est respectable – d’autant qu’il a reconnu de lui-même avoir commis une erreur : il a eu le mérite d’attirer l’attention publique sur ce type de situation : rien que pour cela, il doit être remercié.

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Ce qui précède n’est-il qu’une perspective humanitaire, une surenchère juridique de plus provenant d’ONG militantes irresponsables ?
Non, il suffit de lire le jugement d’un tribunal britannique dont « Le Monde  » du 22 janvier (page 3) :

 » La décision rendue mercredi 20 janvier par le tribunal de l’immigration et de l’asile de Londres pourrait faire jurisprudence. (…) Le jugement, qui allègue le non-fonctionnement des règles européennes sur l’asile, pourrait accroître la pression sur la frontière.(…) Le tribunal était saisi par quatre jeunes demandeurs d’asile syrien (dont 3 mineurs), dont deux souffraient de stress post-traumatiques. Mettant en avant les « intolérables » conditions de vie dans le camp de fortune de Calais et la présence de membres de leurs familles au Royaume-Uni, leur avocat a obtenu un jugement ordonnant leur droit immédiat à être admis sur le sol britannique pour y formuler une demande d’asile auprès du Home Office. La décision s’appuie sur l’article de la Convention européenne des droits de l’homme, dont l’article 8 protège le droit de toute personne au respect de « sa vie privée et familiale. »(…) Les juges ont estimé qu’un document écrit montrant qu’ils avaient effectivement demandé l’asile en France suffisait à prouver leur demande de protection. « 

Autrement dit, la Convention de Dublin permettait de justifier le refus du Royaume-Uni parce que la première demande d’asile avait été déposée en France… Les juges ont estimé que la demande de protection n’était donc pas honorée par la France et qu’il fallait donc admettre leur arrivée dans leur famille déjà présente Outre-Manche…

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PS : Pour être complet, on pourrait ajouter, à l’adresse du tribunal britannique, qu’il aurait pu aussi faire valoir la Convention relative aux droits de l’enfant ratifiée par le Royaume-Uni stipule, en ce qui concerne les mineurs, dans son Article 22

1. Les Etats parties prennent les mesures appropriées pour qu’un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme réfugié en vertu des règles et procédures du droit international ou national applicable, qu’il soit seul ou accompagné de ses père et mère ou de toute autre personne, bénéficie de la protection et de l’assistance humanitaire voulues pour lui permettre de jouir des droits que lui reconnaissent la présente Convention et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ou de caractère humanitaire auxquels lesdits Etats sont parties.

2. A cette fin, les Etats parties collaborent, selon qu’ils le jugent nécessaire, à tous les efforts faits par l’Organisation des Nations Unies et les autres organisations intergouvernementales ou non gouvernementales compétentes collaborant avec l’Organisation des Nations Unies pour protéger et aider les enfants qui se trouvent en pareille situation et pour rechercher les père et mère ou autres membres de la famille de tout enfant réfugié en vue d’obtenir les renseignements nécessaires pour le réunir à sa famille. Lorsque ni le père, ni la mère, ni aucun autre membre de la famille ne peut être retrouvé, l’enfant se voit accorder, selon les principes énoncés dans la présente Convention, la même protection que tout autre enfant définitivement ou temporairement privé de son milieu familial pour quelque raison que ce soit. »


Catch à deux à droite

23.09.12

 » Je suis incompétent pour gérer la médiocrité « , répondait un ancien commissaire européen à la question de savoir s’il reprendrait la direction de son parti, dans son pays, à la fin de son mandat.

Si c’est bien de cela qu’il s’agit, comment ne pas admirer l’acharnement et la hargne avec lesquels les deux impétrants Copé et Fillon visent l’élection à la présidence de l’UMP, grand parti de droite français.

Ramasser les ruines du jouet que le gamin Sarkozy avait copieusement méprisé du temps de sa présidence, raccoler les électeurs du Front national en dépliant le tapis rouge au charabia de Marine le Pen, tout en attirant le « centre social et humaniste » de l’immense Borloo ( » il est des nô-ô-tres… »),  sans oublier de se réclamer du gaullisme, tout cela nécessitera une intelligence supérieure chez nos deux postulants qui ont déjà donné des preuves de leur ampleur historique à la hauteur de nos Guignols de l’info et de Charlie-Hebdo.

Allez messieurs, votre catch à deux occupera les médias et tout ce qui est dans l’air…


 » Le bruit qu’on fait et le fric qu’on gagne « 

22.06.12

Dans un article du « Monde » daté du 15 juin et signé par Anne Michel, le rideau s’est entrouvert sur l’état d’esprit qui anime (!) une partie de nos élites, en général soucieuses, comme on l’a vu pendant les dernières campagnes électorales, de « rassembler autour de nos valeurs » (sic) :

 » En pleine tempête financière dans la zone euro, le Crédit agricole a annoncé, mercredi 13 juin, l’arrivée prochaine de Xavier Musca, l’ex-secrétaire général de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, comme directeur général délégué.(…)

M. Musca, ancien Directeur du Trésor de 2005 à 2009, qui fut de tous les grands sommets internationaux depuis 2009, aura la responsabilité de l’activité de banque de détail à l’international, des assurances et de la gestion d’actifs. Ce portefeuille inclut l’Italie, le Maroc, la Pologne et surtout la Grèce, et la filiale Emporiki qui empoisonne la vie du groupe depuis des mois. (…Il) a accepté, considérant que cette fonction s’inscrivait dans la continuité de sa carrière et que le cas grec, ajouté aux réformes bancaires à venir, représentait un défi intéressant.

(…) Au passage, M. Musca fait un pied de nez au gouvernement socialiste. (…Il) s’est vu refuser, en mai, la seule fonction qui l’intéressait, la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations.(…) En outre, M. Musca a peu goûté le manque d’entrain manifesté par le chef de l’Etat pour le recevoir.

(…) Pour M. Musca, le Crédit agricole représente une véritable inflexion de carrière, son premier poste dans le secteur privé. (…Il) devra se faire aux subtilités de la gouvernance mutualiste, composée de multiples baronnies régionales. »

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Donc on comprend :

– que Mr Musca trouve qu’après tant d’années dans le service public au service (du chef) de l’Etat, être « promu » gestionnaire des portefeuilles d’assurance au Crédit Agricole s’inscrit « dans la continuité de sa carrière », ce qui en dit long sur les navettes entre privé et public en France et sur le naturel affiché par la caste des Intouchables…;

– que « le cas grec est un défi intéressant » : les risques de crise grave au niveau de toute l’Europe ne devraient donc pas l’empêcher de dormir (de toute façon, Mr Musca « fait partie de la Haute » qui s’en sortira toujours….) Pour parodier Michel Foucaul, « le malheur des hommes ne devrait jamais être le reste muet » de l’ingéniérie financière (sic) de tous ces petits roquets de la Bourse.

– que Mr Musca a été froissé du « manque d’entrain du Chef de l’Etat à le recevoir« . Chochotte …!  On va verser une larme. Il peut toujours envoyer un twit à la Première Girlfriend.

qu’il devra se faire aux « subtilités  d’une gouvernance mutualiste, composée des baronnies régionales ». Puisque Mr Musca « a été de tous les Sommets internationaux depuis 2009 », il ne devrait pas perdre sa dignité à s’asseoir avec le Directeur de la Caisse Régionale du Crédit Agricole de Basse-Normandie. »

Bref, quand on pressent ainsi l’état d’esprit avec lequel toute cette caste a géré le pays ces dernières années, on se dit qu’on a eu raison de balayer tout ce petit monde, à commencer par le Chef, Mr Sarkozy. Ce dernier avait d’ailleurs précisé, dès sa prise de fonctions en 2007, qu’après son mandat, il partira « faire du fric« , eh bien voilà qui est fait, depuis cette semaine : il est apparu, affable et reposé, au Conseil Constitutionnel, où, comme le rapporte  » Le Monde  » du 21.06.12 :

 » (Son) indemnité, de 12 000 euros mensuels, est diminuée de moitié si le membre du Conseil exerce par ailleurs une activité professionnelle compatible avec les statuts (…) mais Nicolas Sarkozy n’a pas à ce jour déclaré d’activité. »

Probablement, il réfléchit.
Evidemment, aujourd’hui avec 12 000 euros par mois, t’as plus rien… même si ça paye le sel…
Ah, si Mr Musca (un salaire à combien de zéros ?) lui dénichait un poste à 120 000 euros par mois pour inventer le moyen de « mutualiser les pertes espagnoles avec les clients français » en leur disant évidemment de « se rassembler autour des valeurs », Mr Sarkozy pourrait ainsi s’abstenir de siéger au Conseil Constitutionel, s’il devait discuter d’une QPC (« Question préalable de constitutionnalité« ) par exemple sur le financement des campagnes présidentielles… même s’il en connaît un rayon. 

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*****

 » Pour eux, une vie ce n’est qu’une carrière et du travail,
rien d’autre qu’un moyen de parvenir.
Ce qu’ils appellent réussite,
c’est le bruit qu’on fait
et le fric qu’on gagne. »

Simone de Beauvoir
(Les Mandarins – 1954)


Révolte québecoise salutaire dans la crise

9.06.12

Sans connaître tous les tenants et aboutissants de la situation générale au Québec, il est permis de penser que la révolte des étudiants est parfaitement justifiée au sens où il est inacceptable qu’un gouvernement de comptables besogneux ne cesse de leur crier dans les oreilles :  » utilisateurs-payeurs ! » ou « apprendre c’est s’enrichir, donc ça se paye ! « … pour justifier la hausse des frais d’inscription à l’Université.

Ce système économique devient complètement stupide : l’éducation, y compris universitaire, devrait être considérée d’abord comme un investissement vital du pays. Chaque étudiant-e qui a révélé ses capacités devrait être payé et aidé pour pouvoir pousser ses études au maximum et servir ainsi les intérêts du pays sur une ou deux générations.

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Sur ce site, on apprend : « L’Europe du Nord est réputée pour la qualité du système éducatif et universitaire. Les études à l’université sont gratuites. Les étudiants suédois bénéficient, notamment, de prêts d’État leur permettant de vivre sans courir après les « petits boulots ».
Le prêt est renouvelé chaque année, à condition que les étudiants obtiennent de bons résultats, et il est remboursé à un taux d’intérêt assez avantageux, sur une très longue période – tout au long de la vie professionnelle la plupart du temps. Autrement dit, l’Etat accorde des prêts aux étudiants pour vivre et se consacrer à leurs études sans avoir à travailler, et non pas pour payer les frais d’incription à l’Univesité….

Au Danemark, « si un jeune fait des études en biologie à l’Université de Copenhague, il en coûtera 220 000 couronnes (30 000 euros) par an à l’état, alors qu’un étudiant en droit dans la même université ne coûtera que 37 000 couronnes (5 000 euros). Etudier les mathématiques à Aarhus revient à 145 000 couronnes (20 000 euros), et pour un étudiant en tourisme à Aalborg, c’est 50 000 couronnes (6 700 euros).

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Tous les petits roquets de gouvernants néo-libéraux, qui prêchent, comme des religieux enamourés, la réduction du rôle de l’Etat, la privatisation des services publics de santé et d’éducation, qui criminalisent les chômeurs, etc, sont des petits rigolos parfaitement nihilistes, qui n’ont que le mot de valeur à la bouche (les valeurs de la Bourse…) et n’ont strictement aucune vision, ni sens des responsabilités, ni convictions vis à vis de leur propre pays.

Si la démocratie consiste à gouverner pour  endetter l’Etat afin de renflouer les banques irresponsables et renvoyer l’ascenseur de la pompe à finance aux pouvoirs économiques qui ont payé les campagnes électorales, on ne donne plus très cher (!) de la démocratie.

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C’est une des caractéristiques de notre époque :
les banques et leurs copains-coquins gouvernants font tout pour endetter les étudiants (pour les tenir en laisse pour le restant de leurs jours, comme pour les familles qui empruntent sur 30 ans pour leur maison) et ensuite se plaindre que leurs clients-créanciers ne sont pas fiables, et donc exiger de l’Etat qu’il les sauve de la faillitte, évidement par les impôts, ce qui n’empêche pas les familles et étudiants endettés
de continuer à devoir payer 1- leurs impôts et 2- les intérêts-et-le-capital : c’est ainsi que les petites gens payent deux fois
et qu’au prix de leur misère et de celle de l’Etat qui doit sauver les ¨banques », (en faisant payer le public une troisième fois
par l’augmentation de la TVA), celles-ci continuent à se renflouer
pour rejouer l’essentiel au casino de la Bourse et à payer des cerveaux académiques spécialisés dans « l’ingénièrie financière ».

Les deux renflouements de 500 banques européennes par la Banque Centrale Européenne fin 2011 et début 2012 (plus de 500 milliards d’euros à chaque fois) ont permis à ces banques de …les replacer au taux de 1 % à la BCE pour ensuite reprendre les crédits à 5 ou 6 % vers l’extérieur…

Et en même temps, on veut nous convaincre que c’est le marché et les investissements privés qui vont financer les investissements vitaux
à long terme pour relancer l’économie, investir dans l’urgence d’installer une économie durable et le développement économique
du tiers de l’humanité sur 50 ans ???

Combien de temps va-t-on continuer
à penser que nous sommes dupes ?

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On aura malgré tout noté ce qu’a dit le 7 juin 2012, Michel Barnier
Commissaire européen au Marché intérieur et des Services, à Bruxelles
(vous êtes bien assis ?) :

 « «  Nous ne voulons plus que les contribuables paient, les banques doivent payer pour les banques », a insisté Michel Barnier au cours d’une conférence de presse. Il a souligné que ces propositions n’étaient « pas faites pour traiter les crises d’aujourd’hui » comme celle du secteur bancaire espagnol, mais pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation à l’avenir, et pour « casser le lien entre les crises bancaires et les finances publiques ».

Dans le communiqué intitulé « Résumé pour les citoyens«  (sic),
on peut lire ceci :

 » Le renflouement répété de banques (considérées comme «trop grandes pour faire faillite») — qui n’en continuent pas moins à prendre des risques excessifs et à faire des bénéfices au détriment de leurs clients – a alimenté un sentiment de profonde injustice, aggravé la dette publique et imposé des sacrifices supplémentaires aux contribuables. »

Diantre  ! Que c’est bien vu… Mais qu’est-ce qu’il n’a pas fallu entendre, depuis le début de la crise en 2008, de toute la droite européenne sur l’irresponsabilité des gens de gauche, évidemment incompétents en économie … puisqu’ils en appellent sans cesse à l’Etat !!!

Et le texte se termine par la question « Qui en bénéficierait et comment ?
« L’exposition des contribuables aux coûts de renflouement des banques serait réduite au minimum. Les coûts de restructuration et de résolution seraient supportés par les propriétaires des banques, les créanciers et les gestionnaires responsables des mauvaises pratiques.
Les entreprises pourraient se concentrer davantage sur leurs activités essentielles, grâce à une plus grande stabilité financière et une incertitude moindre sur la santé de leurs sources de financement. »
Quand la proposition prendrait-elle effet ?
Début 2015. »

En un mot ? Le bon sens.
Espoir ou enfumage ?

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Extraits de la Revue de presse d’Ivan Levaï sur France-Inter du samedi 9 juin 2012 :

 » On devrait relire le premier discours de Roosevelt, arrivant au pouvoir aux Etats-Unis, après la crise de 1929, et disant dans son premier discours :

 » Les dirigeants qui président aux échanges des biens de l’humanité ont échoué par leur propre obstination et leur propre incompétence pour ensuite admettre leur échec, le regretter et abdiquer. Les pratiques de cambistes (à la Bourse) sans scrupules restent l’objets d’accusations publiques : les hommes les ont rejetté du fond de leur coeur et de leur esprit. Il est vrai qu’ils ont essayé d’agir mais leurs efforts sont basés sur des coutumes obsolètes.(…) Face au manque de crédits, ils n’ont rien trouvé de mieux que de prêter davantage. Privé du profit grâce auquels ils incitaient la population à les suivre, ils n’ont eu d’autres recours que d’exhorter, larmoyants, les citoyens à leur rendre la confiance perdue. Ils ne connaissent que les lois d’une génération d’égoïstes. Il leur manque une vision d’avenir et sans celle-ci, les gens courent à leur perte. »

C’était du temps les Etats-Unis étaient capables de sursaut, de clarté et de courage dans la guerre mondiale qui a suivi la crise économique. C’était l’époque où Morgan Chase,  Goldman Sachs, Lehman Brothers n’étaient pas encore gangrénés par une mafia de petits roquets de Bourse issus des laboratoires de ce Docteur Folamour qu’était Milton Friedman. 

 

 Franklin D. Roosevelt


La tartufferie monumentale du candidat Sarkozy

22.02.12

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, et après avoir pris position résolument contre son élection en 2007, l’Abrincate s’est abstenu de signer des billets de colère, de désaccord, d’indignation ou de mépris pour l’occupant de l’Elysée, d’abord parce que ressasser la négativité, c’est mauvais pour la santé, et ensuite parce qu’il reste toujours à espérer une évolution vers des attitudes et des politiques plus positives.

Mais là, l’Abrincate s’accorde la liberté de considérer, au moment où le président sortant se lance dans une nouvelle campagne présidentielle, à quel point le mandat qui se termine a été pitoyable.

Après une première période où le président s’est comporté en adolescent gâté, impoli, arrogant et pusillanime, la liste est longue de nullités, à des degrés divers, des retournements de veste, des annonces quasi-quotidiennes débitées comme les moulins à prière, de décisions dont on ne verra pas toujours la couleur, toutes choses qu’on présentera ici comme simples échantillons :

– les mensonges sur le caractère intransigeant de certaines mesures… annulées juste avant la période électorale (le bouclier fiscal) ;
– l’impayable Congrès de Versailles pour annoncer … un grand emprunt;
– la suppression de toute formation des maîtres de l’enseignement primaire (pour laisser le service public se dégrader ?) ;
– la consultation-bidon dans les préfectures sur  » l’identité nationale « ;
– la réduction des fonctionnaires (qui finalement n’a pas coûté moins cher à l’Etat);
– le foutoir législatif en réaction au moindre crime médiatisé ;
– les coupes budgétaires dans les subventions aux associations qui s’occupent seules des banlieues abandonnées;
– l’abandon des polices de proximité, etc …

Le tout a été noyé dans une augmentation de la dette publique de 630 milliards en 5 ans…Si “tout doit être fait pour réduire le budget de l’Etat “, où sont donc passés  les plus de 125 milliards d’euros de nouvelles dettes contractées chaque année du quinquennat ?

Et on apprend par hasard (le livre de Mr René Dosières) que chaque déplacement du président (deux ou trois fois par semaine) coûte environ 500 000 euros, protégé par deux ou trois cercles concentriques de gendarmes et CRS…
Combien coûte donc ” la minute de la petite phrase” destinée au journal de 20 heures ? Tout récemment, le président a fait un déplacement de Paris à St Quentin(Aisne)… avec l’Airbus présidentiel…

Autour du président, dans l’entourage, qui est donc, en cinq ans,  sorti du lot de médiocrité, et avec d’autres compétences que les mouvements de menton lors d’un micro-trottoir, en apparence spontané ?

Mis à part Alain Juppé, qui a eu l’intelligence de s’occuper des “Affaires étrangères”, les Morano, les Bertrand, les Coppé, les Besson, les Hortefeux (la cellule “Riposte” !!!), et même les Fillon et autres Chatel (qui compare François Hollande à Babar…) nous font penser à ces reportages sur les Suricates, ces petits animaux qui se dressent spontanément sur leurs pattes pour observer, écouter et réagir au millimètre :

Le Club des Suricates qu’est l’UMP devrait méditer ce proverbe :
” Qui vit par et pour les medias tombera par les medias. “

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                Imagine-t-on l’arrogance et l’impéritie que s’autoriserait ce président s’il était reconduit pour 5 ans sans possibilité de se re-présenter aux prochaines élections ?
S’il devait n’avoir de comptes à rendre à personne pendant son deuxième mandat, à quoi servirait-il de protester contre l’intimidation et les écoutes des journalistes, dont il nommera les employeurs, contre les attaques régulières et méprisantes envers les juges ? Sans oublier les nominations de magistrats favorables au pouvoir politique, sous prétexte de garantir l’indépendance de la Justice ? Plus c’est gros, plus ça passe…

On a déjà eu quelques symptômes forts de cet autoritarisme moderne que constitue la menace sur les journalistes et les magistrats, sans souci, autre que de façade, de l’indépendance des pouvoirs, laquelle est pourtant la seule vraie définition de la démocratie ?

Si on en reprend pour cinq ans de Sarkozy , le régime se ” poutinisera “, se ” berlusconisera ” sans limites autres que celles du bon pouvoir du prince.
Ce sera l’amalgame permanent, dans l’impunité totale, des pouvoirs politique, économique,  judiciaire et médiatique, le tout à l’intérieur d’un groupe de deux ou trois cents personnes, copains et coquins en foire permanente pendant 5 ans….

Sans oublier la décision de lancer l’armée française dans une guerre,  sur simple suggestion “éclairée” de Bernard-Henri Lévy, autour d’une tasse de thé, sans la moindre consultation des élus nationaux…

Comment imaginer la ré-élection d’un président qui a perdu toutes les élections intermédiaires pendant son mandat ? Les municipales, les cantonales, les européennes, les sénatoriales,etc…

Les Français vont-ils de nouveau accourir au miel dégoulinant du charabia sarkozien, pour de nouveau se plaindre du délabrement économique et politique du pays, dans la médiocrité et dans le tournis quotidien des effets d’annonce et du show permanent à 500 000 euros la petite phrase du journal télévisé ? Et si toutes les questions de société font l’objet de réferendums, on va voir le pataquès…

Et si l’Europe qu’il nous prépare se donne déjà en exemple dans la mise à genoux du peuple grec, il sera trop tard pour s’en plaindre…

Dès l’ouverture de sa campagne, le candidat-président annonce un référendum pour que “le peuple” se prononce sur le fait que les chômeurs sont coupables de l’être…

Oublier Sarkozy…


Le degré zéro du débat démocratique

20.11.11

Les dernières élections nationales et cantonales en Suisse ont – une fois de plus – révélé un florilège d’affiches témoignant d’une certaine pauvreté du débat que sont supposé susciter des élections importantes ….

Un Vaudois que ne se laissera pas faire… par qui ????

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Même le parti-pirate devient banal…

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Quelles valeurs ???? Peu importe ?

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Un record de vulgarité à l’extrême-droite,
ce qui est finalement assez logique ….

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Qui croit que  » 110 % pur sucre «  existe encore ?

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Le comble du ridicule et du vide réside chez ce candidat
(au gouvernement vaudois)

à qui il ne manque qu’un nez rouge
pour ressembler à Coluche…

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A défaut de soupçon de programme affiché,
qui ne voterait pas pour un regard et un sourire pareils ?


Mr DSK entre « Wall Street » et « Ground Zéro »…

23.05.11

Monsieur DSK emménage
entre « Wall Street » et  « Ground Zéro »,

titrent les journaux de ce 21 mai :
ça ne s’invente pas…

On pourrait dire
«  il n’y a pas loin de  » Wall Street  » à  » Ground Zero « ,
comme on disait
 » il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne« ...

Monsieur DSK a tout :  la compétence de gestion institutionnelle au niveau international, l’intelligence, le charme, l’estime générale, et même universelle, les meilleurs sondages, une double ou triple famille, une épouse en or, un succès professionnel remarquable, une autorité incontestée, des antécédents révélant une certaine éthique (démission d’un des postes les plus prestigieux, au Ministère de l’Economie, pour cause d’inculpation dans une affaire somme toute minime, dont il sera finalement relaxé)….

Heureusement qu’il ne s’est pas présenté aux primaires du PS et qu’il n’a pas été élu…
Ce n’est pas tant une affaire de morale qu’une affaire criminelle,  et de savoir si Mr DSK avait les nerfs qu’il faut…

Le détail de trop, c’était probablement cette attente de déclaration de candidature présidentielle devant laquelle il hésitait peut-être plus profondément qu’il ne le montrait… du genre  » pape qui, au fond, ne voulait pas l’être « ( le film  » Habemus Papam« ), ou se connaissant peut-être un peu trop pour être sûr de correspondre au  » job « .
Cette hésitation est tout à fait légitime, devant une attente publique électorale aussi forte, et face à la perspective d’en devenir… prisonnier.
Jacques Delors avait renoncé, et Cecilia Sarkozy a tourné les talons sitôt Nicolas élu…

Nul ne sait si Mr DSK est réellement coupable. Il est toujours présumé innocent, et s’il est déclaré totalement innocent, ce qui lui arrive est evidemment é-pou-van-ta-ble.
Mais on imagine mal la justice américaine, qui confirme, ce vendredi soir, les 7 chefs d’inculpation des premières constatations et des déclarations de la victime, se laisser induire en erreur, par simple légèreté, sur des faits aussi graves commis par un personnage aussi important au niveau international.

On peut comprendre les amis parisiens qui n’ont cessé de dire que  » cela ne lui ressemble pas « … Malheureusement, on sait qu’un grand nombre d’agresseurs sexuels poursuivis en justice avaient la surface sociale la plus flamboyante, et que les pervers ne sont pas toujours les gens d’apparence glauque ou marginale.

Et puis d’apprendre aujourd’hui que Mr DSK est « en liberté » dans un appartement avec des frais de garde (hors-loyer) s’élevant à 200 000 dollars par mois (deux-cent-mille-dollars-par-mois), ne fait que raviver l’envie de vomir. Avec un agresseur capable de déposer une caution de 1 million de dollars et un dépôt de garantie de 5 millions de dollars, on se dit que la femme de chambre, si elle a vraiment subi ce qu’elle a dit, n’aura jamais 10% de sommes pareilles pour faire valoir ses droits et se payer les avocats, ni financer les enquêtes pour sa défense. Le Procureur y pourvoiera, mais selon ses choix et non ceux de la plaignante.

La sidération conduit désormais à l’écoeurement par saturation d’informations, de commentaires, de honte, de déception…etc… Comme tout un chacun cette semaine, on est passé par tous les états psychologiques possibles : et on se demande comment et sur quelle base on pourra être rationnel dans le choix électoral de l’an prochain.

Quand on pense que, d’après les gazettes, Mr DSK se prépare, paraît-il, à baser sa défense sur  » une certaine reconnaissance des actes « ,  mais supposée dédouanée par le  » libre consentement de la femme de chambre « , ce qui pourrait, paraît-il, conduire à une conciliation judiciaire, alors là, l’écoeurement sera total. DSK acquitté dans le cadre d’un compromis et parce qu’il aura payé…

Si ça tourne ainsi, Mr DSK, puisque vous jouez à la roulette russe
comme tous les nihilistes des aristocraties
qui se croient au jardin d’Eden de l’impunité garantie
(même votre avocat affirme que vous serez acquitté)…
… eh bien, restez dans votre appartement à rédiger vos chèques,
à méditer par la fenêtre, miroir de votre carrière,
en contemplant « Ground Zéro »
… et faites-vous oublier définitivement.

 

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Post-Scritptum : A part ça, et encore plus fort, dans ses aventures galantes, le Premier Ministre italien bat des records, qui collectionne les défilés de mineures dans les parties fines à son domicile, et mobilise ses Parlementaires pour lui concoter dans chaque procédure judiciaire le concernant une loi ad hoc lui garantissant l’impunité, tout en traitant ses juges de fascistes…
Et il est toujours en fonctions…


La roue – de la fortune – tourne

8.04.11

             Dans « Le Temps  » du 8 avril 2011 :

               » Dans les années 60, Bob Dylan s’interrogeait sur la liberté des peuples et contestait la légitimité de la guerre américaine au Vietnam.
                Dimanche, le chanteur légendaire se produira pour la première fois à Saïgon, devenue Ho Chi Minh-Ville.
Il n’est rien de dire que le contexte a changé depuis qu’avec Joan Baez et quelques autres hérauts de la « protest-song », il s’érigeait en représentant de la contre-culture et réclamait la fin des combats.(…)

                  Si Dylan a fédéré une génération d’Occidentaux en conflit avec l’autorité, ce débat-là ne se pose pas dans le Vietnam communiste contemporain, où le dernier intellectuel à avoir réclamé le multipartisme vient d’être condamné à sept ans de prison.

                Le musicien à la voix nasillarde et à l’émotion sobre se produira dans une ville très occidentalisée, une ruche dopée par une croissance économique à deux chiffres, au coeur du continent le plus dynamique de la planète où la paix s’est enfin imposée. (…)

              La tournée qui célèbre le 50e anniversaire de son premier concert, le 11 avril 1961, l’a déjà emmené à Pékin mercredi, puis Shanghaï. Mais dans la capitale chinoise, Bob Dylan s’est abstenu de chanter ses titres les plus évocateurs, dont le célèbre  » The Times They Are A-Changin » (« Les temps changent« ).

              Ou le mythique « Blowin’ in the Wind » (dont les paroles « Et combien d’années un peuple peut-il vivre, Avant d’être autorisé à être libre? » ).

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Extrait d’un article du « Temps » du 13 août 2007 :

Sous le titre :

Les Rolling Stones enflamment le stade  de la Pontaise

               » Infatigables, les légendaires sexagénaires ont offert deux heures de spectacle pour l’unique concert en Suisse romande de leur tournée «Bigger Band Tour».(…)

               A 64 ans, le chanteur Mick Jagger, silhouette toujours aussi féline, chemise bleue, veste noire et pantalon noir serré, a salué le public par un «Bonsoir Lausanne, Hello Lausanne» et s’est dit heureux d’être de retour en Suisse.(…)

               Traversant la scène de long en large, sautillant et se déhanchant, le célèbre rockeur a enchaîné les tubes comme «Brown Sugar» ou encore «Sympathy for the Devil» et les morceaux plus récents devant un stade plein à craquer.(…)

               Au final, le groupe a offert un show bien rodé, mais néanmoins impressionnant : au milieu du concert, une scène coulissante a emporté les musiciens au sein de la foule, jusqu’au centre du stade et le show s’est achevé par de nouveaux feux d’artifice.(…)

              Le grand distributeur Migros organisait le concert et avait distribué 30 000 billets aux détenteurs d’une carte «Cumulus». Sur scène Mick Jagger a indirectement salué le grand distributeur, faisant allusion à la ligne à bas prix «M-Budget» et aux points Cumulus. »

              Le mot indirectement est ce que l’on appelle en anglais un understatement, car l’Abrincate fut témoin visuel de Mick Jagger demandant à la foule si elle avait bien ses T-shirts « Cumulus », et la foule hurlant  » YEEAAHH… » (« cumulus » étant le nom de la carte de promotion des produits à bas prix du plus grand distributeur coopératif de Suisse.)

                Les temps changent, à coup sûr, mais de voir ces hérauts de la culture dite alternative des années soixante se vautrer l’un dans l’auto-censure chinoise ou vietnamienne, et les autres dans la promotion de la grande distribution suisse … cela suggère le pitoyable d’une fin de carrière en forme de pompe à fric toujours renouvelée…

Finalement,
tout cela n’était-ce que
du  » socialo-sarkozysme
tendance Bernard Groucho Tapie
 » ?

La roue tourne, certes, 
mais c’est un peu triste
de se dire que peut-être 
tout cela n’était que
la  » Roue de la fortune « …

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Nous reste cependant Joan Baez, inoxydable :
(« Le Temps » – 28 juilllet 2008)

              » Elle s’appelle Joan Baez. Elle chante depuis près de cinquante ans, et ses chansons, qu’elles soient ancrées dans la tradition folk, qu’elles soient protestataires, poétiques, religieuses, écrites par elle-même ou par Bob Dylan, sont indémodables.

               Devenue célèbre à 18 ans, grâce à sa voix d’une pureté prodigieuse, elle a fait à 21 ans la couverture de Time Magazine, marché aux côtés de Martin Luther King, chanté à Woodstock puis à Hanoï sous les bombes, lutté contre la guerre au Vietnam, plus récemment contre celle en Irak, pris la défense de prisonniers politiques, de réfugiés et d’oppressés un peu partout dans le monde.(…)

               Ses convictions non violentes sont intactes comme son plaisir de chanter, d’une voix plus grave qu’à ses débuts certes, mais profonde et habitée. »(…)

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               L’Abrincate se souvient aussi d’avoir assisté, sans aucun spectacle de vulgarité commerciale cette fois, aux Arènes d’Avenches (Suisse Romnande) par une belle soirée du mois d’août 2004 à un concert unique où se produisaient successivement Lou Reed, Jane Birkin et vers minuit trente… Nina Hagen –  le tout pour 60 francs suisses, alors qu’il y a trente ans, on aurait payé le double pour chacun de leurs concerts respectifs…

                » On the opening night, three legends performed at Rock Oz’Arènes: Lou Reed, Nina Hagen and Jane Birkin. Three different cultural backgrounds, three styles but the same generation opened this year’s festival. »


Les droits de l’homme ont avancé de 2,40 m.

18.03.11

En ces temps de séismes et de tsunami, on doit se rappeler que l’Histoire humaine est aussi la confrontation inévitable de plaques tectoniques tout aussi imprévisibles…

Même si – ne serait-ce que quelques jours plus tard – on peut parfois regretter d’avoir dit ceci ou cela, on ne boudera pas son plaisir d’exprimer dans l’instant une satisfaction – ce qui se fait rare – dans ce qui vient de se passer ce jeudi 17 mars 2011, vers 23 h , heure européenne.

Les droits de l’homme ont peut-être, eux aussi, avancé de 2.40m, comme la terre japonaise s’est, paraît-il, déplacée pendant le tremblement de terre du 11 mars dernier…

La Résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, adoptée cette nuit à New York, décide qu’au nom de la « responsabilité de protéger » (terme définitivement préférable au « droit d’ingérence »), les pays membres ont le droit et le devoir de prendre  » toutes les mesures  » destinées à protéger la population civile des risques encourus par le comportement criminel du régime en place.

La Résolution dit ceci, tel que résumée dans le site « Bruxelles2 » :

– l’établissement de l’interdiction de tout avion dans l’espace aérien libyen « constitue un élément important pour la protection des civils aussi bien que la sécurité de la fourniture de l’assistance humanitaire et un pas décisif pour la cessation des hostilités en Libye« .

– un appel à un cessez-le-feu immédiat et la fin complète de la violence et de toutes les attaques, et abus, contre les civils ;

– autorise les Etats membres à « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d’une attaque en Libye, y compris Bengazhi » (cette ville est nommément citée). Ceci « exclut une force d’occupation étrangère sous quelque forme ou partie du territoire libyen que ce soit« . C’est le point principal qui est nouveau et satisfait donc à la fois les pays arabes et la Russie. Il peut éviter aussi un scénario à l’afghane.

– le texte garde un rôle-clé à la Ligue Arabe mais sous une forme différente : il reconnait un « important rôle dans les domaines relatifs au maintien de la paix internationale et de la sécurité de la région et demande aux pays de la Ligue arabe de coopérer avec les autres Etats membres » pour la mise en vigueur de cette protection des civils.

On aimerait partager, dans l’instant, les sentiments suivants :

1 – L’action du ministre des Affaires Etrangères, Mr Juppé, a été remarquable de conviction, de clarté, de sang-froid, de détermination et de rapidité malgré les lenteurs institutionnelles européennes et onusiennes, et malgré la vacuité de l’histrion qui nous fait office de Président de la République.

Même si c’est Bernard Kouchner (et quelques autres…) qui ont inventé le concept de « droit d’ingérence », c’est – ironie de l’histoire – un Ministre des Affaires Etrangères de la droite française qui a obtenu, à l’arraché, la mise en oeuvre de la « responsabilité de protéger » le peuple lybien. Kouchner a eu un métro de retard…

A un niveau plus général, il eût été tout de même effarant que la « communauté internationale » se ridiculise en acceptant de laisser faire et de maintenir des relations officielles avec l’abruti botoxé qui dirige la Lybie, avec tous les risques de déstabilisation des pays voisins qui, comme la Tunisie ou l’Egypte, ont franchi une étape irréversible, dont les suites démocratiques prendront beaucoup de temps à se construire.

2 – Ce n’est pas rien d’avoir obtenu une Résolution dans une réunion dirigée par un représentant de la Chine, qui a voté l’abstention, sans mettre de veto. 

3 – Ce n’est pas rien d’avoir obtenu que la Ligue Arabe et plusieurs pays arabes se soient joints aux autres pays d’autres régions, occidentaux, américains et africains, à la Résolution et à ses conséquences pratiques.  
         18.03.11 -« Libération » –  « 13 h 15 : Un sommet Union européenne-Union africaine-Ligue arabe sur la Libye se tiendra samedi à Paris en présence du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, annonce Hicham Youssef, le directeur du bureau du chef de l’organisation panarabe Amr Moussa. »

Le spectre de la « guerre des civilisations » aurait-il reculé…? 

Sans faire dans le raccourci abusif ni dans la boursouflure, est-ce que par hasard cette phrase de Barak Obama, dans son Discours du Caire aurait infiltré – par osmose – dans les plaques tectoniques des générations de diplômés arabes au chômage ?
                                                                              

(…)  » Tant que notre relation restera définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui peut aider nos deux peuples à connaître la justice et la prospérité. C’est ce cycle de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé.
          Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain. »

Dans la phase actuelle – pour l’instant positive – de ce fameux « printemps arabe », il est un aspect qui n’a pas été vraiment mentionné mais qui permet pourtant de comprendre sa dimension « non-géostratégique » – c’est à dire qui n’est le résultat de la manipulation de personne d’autre que les peuples eux-mêmes qui exigent leurs droits.
Cette dimension a été illustrée dans un article de la toujours excellente Natalie Nougayrèdede  (« Le Monde » – 04.03.11 – page).

Sous le titre : «  Diplomatie : le discours sur les droits de l’homme réhabilité par les révoltes arabes – Un temps contestée, la notion d’universalité des droits fondamentaux revient en force à l’ONU.
(…) Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité, le 28 février, une résolution inédite : sanctions lourdes contre le pouvoir lybien et activation de la Cour Pénale Internationale (CPI) en invoquant des « crimes contre l’humanité ». Un vote unanime, du jamais-vu… La CPI s’apprêtait, jeudi 3 mars, à ouvrir une enquête. Fait notable, le moteur le plus puissant, dans ce retour en force de la lutte contre l’impunité, est venu des pays arabes et africains, alors que nombre d’entre eux avaient critiqué le travail de la CPI concernant le Soudan. Ce ne sont pas les Occidentaux mais les Africains et les Arabes qui ont conduit l’assaut. »(…)

Avec les mouvements pour la liberté survenus dans le monde arabo-musulman, les vieux arguments »culturalistes », selon lesquels les droits fondamentaux se déclineraient de manière différente d’un continent à l’autre, sont devenus monis audibles. »

Oui, lorsque ce sont les peuples eux-mêmes qui se soulèvent, et délibérément sans armes, au nom de la dignité et de la liberté, c’est un tsunami contre lequel on ne peut rien.
Et comme le disait André Malraux, :  » L’honneur d’un pays réside dans ce qu’il apporte au monde. »

Qu’il s’agisse de la Tunisie ou de l’Egypte, les gens exigent l’application et le respect de leurs droits humains, consignés dans quantité d' »instruments juridiques internationaux », donnant ainsi à tout ce travail mutilatéral juridique depuis 60 ans une validité et une légitimité incontestables, susceptibles de moucher définitivement tous les petits roquets de l’ultra-libéralisme idéologique, pour qui les droits humains ne sont que de la soupe à chien.

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source photo 

Un hommage final à Mohamed Bouazizi,
dont l’immolation volontaire a été l’étincelle
d’une étape irréversible
dans le sursaut de dignité et de liberté
d’une « nation arabe » qui mériterait
le « Prix Nobel de la Patience. »

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PS : Bon, maintenant on fait quoi
pour virer Laurent Gbagbo
de son trou à rat d’Abidjan ?


La politique, comment ça marche.

2.03.11

Extrait d’un article paru dans « Le Courrier », quotidien de Genève le 1e rmars 2011 :

              » Hier après-midi , le Conseil National (= Assemblée Nationale) a accepté à son tour, après le Conseil des Etats (=Sénat) d’augmenter les budgets de l’aide au développement de 640 millions de francs (= 500 millions d’euros) pour les années 2011-2012, pour des projets liés à l’eau et au climat.
               De cette manière, la Suisse allouera 0,5%  de son Revenu National Brut (RNB) aux pays les plus pauvres à l’horizon 2015.
             Le Parti Socialiste avait  fait du vote de ces crédits supplémentaires une condition sine qua non à son soutien à un autre objet figurant à l’ordre du jour du National ce mardi matin à la première heure : un crédit extraordinaire de 12,5 milliards de francs
(9,5 milliards d’euros) au Fonds Monétaire International (FMI). » (…)

              » L’actualité  brûlante du monde arabe a peut-être joué un rôle », analysait à chaud Micheline Calmy-Rey (Présidente de la Suisse pour l’année 2011). 
             « Il est possible  qu’on se soit rendu compte que pour répondre aux défis globaux, la Suisse devait être active sur place et que c’est une bonne manière d’aider les gens  que de leur offrir des perspectives. »

               Son collègue Johann Schneider-Amman, Conseiller Fédéral (Economie) se montre moins elliptique : «  Premièrement,  la migration doit être endiguée, et deuxièmement,  les pays concernés doivent être stabilisés, de sorte que nos relations commerciales avec eux puissent être à nouveau normalisées. Car elles signifient des emplois, non seulement là-bas, mais aussi chez nous. »(…)

             Tout cela est très bien vu et dit, et les ONG ont raison de se réjouir de cette décision sur l’aide au développement (qui leur offre aussi des perspectives de co-financement).

             Cependant on peut penser que cette double décision (Aide – FMI) aura une efficacité lorsque les chiffres seront inversés. Car si, pour répondre aux « défis globaux » et « créer des emplois« , on envoie 640 millions pour le développement, tandis qu’on affourage le FMI de 12,5 mil-l-i-a-r-d-s de francs pour soulager la dette de gouvernements qui ont renfloué les banques privées en faillitte (voir l’Irlande) à cause  de transactions pourries (dans un désastre dont on n’est pas encore sûr, à ce jour, de connaître l’ampleur) il est légitime de penser que les montants auraient dûs être inversés : il aurait fallu envoyer 12,5 milliards à l’aide au développement et 640 millions au FMI.

                source photo

Mais au rythme où vont le surprises depuis quelque temps, ne pas exclure que les retournements de raisonnement arrivent plus vite que prévu…

                Qui est prêt à parier que d’ici quelques années, les campagnes politiques seront argumentées sur la base du besoin d’immigration, rien que pour maintenir le niveau de vie économique des pays européens en déficit démographique ?