Guerre de civilisations ?

1.07.15

 » Dans le désert, les mots ont des contours nets  » disait Lawrence d’Arabie.

Nul ne doute de la détermination du Premier Ministre français, Mr Manuel VALLS, à combattre le terrorisme. Mais il ajoute, le dimanche 28 juin, lors de l’émission « Le Grand Rendez-vous » d’Europe 1 : « Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons », a déclaré M. Valls.

Ce n’est pas faire un procès d’intention à Mr Valls de dire que la civilisation est précisément le contraire de la guerre, et qu’il s’agit donc d’une guerre de toutes les civilisations (c’est à dire 99.9 % de l’humanité) contre la barbarie. L’ennemi n’est pas l’Islam (ce qu’il confirme dans la suite de l’entretien), mais en utilisant l’expression « guerre des civilisations », il prête le flanc à l’interprétation de l’ennemi, qui ne cesse de proclamer stupidement sa « guerre contre les croisés« .

Oui, les mots ont des contours nets : il s’agit bien d’une guerre des civilisations contre la barbarie..

Il est clair que de nombreuses guerres, dans l’histoire de l’humanité, ont voulu affirmer et imposer un civilisation sur une autre – ou sur toutes les autres – mais le XX ème siècle ayant conduit ce raisonnement à ses conséquences extrêmes, il faut désormais refuser, au XXI ème siècle, d’entrer dans un discours symétrique contre la barbarie d’une bande de tueurs.
Il faut résolument réduire et annihiler cette barbarie, mais pas au nom d’une civilisation contre une autre : en quoi les comportements de l’Etat Islamique ou de Boko Haram vis à vis des populations, des sites historiques, etc, sont-ils l’expression d’une civilisation ?
99,99% des musulmans du monde condamnent ces comportements et sont tout aussi horrifiés.

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Dans le Dictionnaire Robert en 9 volumes, page 848 :

 » BARBARIE : Manque de civilisation, état d’un peuple non civilisé. »

 


Moncef Marzouki : un espoir en Tunisie ?

13.05.15

Voici la transcription d’extraits libres d’une interview orale, diffusée en direct, le 1 er mai, par la Radio Suisse Romande, de Mr Moncef MARZOUKI, précédent Président de la Tunisie pendant la période de transition.
Dans la nébuleuse médiatique où nous pataugeons tous un peu pour comprendre quelque chose aux événements du monde arabe, son analyse est assez éclairante (c’est nous qui soulignons les formulations qui nous paraissent importantes):

source photo

Vous avez lancé il y a quelques jours le Mouvement du peuple et des citoyens, El Harak, pour promouvoir la citoyenneté auprès des Tunisiens. Le Tunisiens ne se sentiraient-ils pas encore citoyens ?

MM : Ecoutez actuellement, je peux dire que la Tunisie est un pays démocratique comme les autres. Nous sommes passés par une période intermédiaire assez difficile. Nous avons fait une Constitution commune et nous avons fait des élections. Nous sommes maintenant un pays démocratique normal, avec des gens qui gouvernent et des gens qui sont dans l’opposition. Moi, je suis dans une opposition à très long terme, une opposition de construction, parce que les objectifs de la révolution ne sont pas tous atteints.  Nous avons encore beaucoup de chemin pour installer un Etat démocratique : entre le rite démocratique et une société réellement démocratique il y a encore beaucoup de choses à faire et je me lance dans ce travail, justement pour promouvoir le concept de citoyenneté. Je vous donne juste un exemple : nous nous sommes battus pendant trente ans pour que le peuple puisse disposer de lui-même, pour le droit de vote, mais sur 8 millions de Tunisiens, 5 millions se sont inscrits sur les listes électorales et 3 millions ont voté, alors il y a un grand déficit et c’est probablement notre responsabilité à nous, hommes politiques : ce que je veux promouvoir c’est l’accès de tous les citoyens à ces droits pour lesquels nous nous sommes battus. Donc, beaucoup de travail à faire…

La Tunisie doit tourner la page Ben Ali, force est de constater que le nouveau président est aussi issu de ce système-là…  Est-ce qu’il va être difficile, avec le nouveau gouvernement, de tourner cette page-là ?

MM : Les gens s’imaginent que les processus démocratiques sont une espèce de chemin balisé qui va toujours dans le même sens, alors que les passages d’un Etat d’une dictature à une démocratie, c’est un mouvement lent, chaotique, difficile, avec des arrêts, des accélérations. Mais l’essentiel est qu’on aille dans la bonne direction. Il est sûr et certain que le chemin est encore très long. Effectivement, le paradoxe de ces élections, c’est qu’elles ont ramené démocratiquement – et je l’ai accepté –  une partie de l’ancien régime. Cela s’est vu dans toutes les révolutions où il y a eu un grand niveau d’attente de la part des populations. Il y a toujours une déception par rapport aux gens qui viennent immédiatement au gouvernement après une révolution, parce qu’en fait ils n’ont pas de baguette magique et il y a toujours une tendance à la « restauration » qui fait partie du processus lent de toute révolution. Donc je ne suis pas étonné qu’une partie de l’électorat a voté pour l’ancien régime et c’est pour cela que j’ai créé El Harak et dire « attention, vous êtes revenus par la démocratie et ne touchez pas à la démocratie, parce que là nous sommes prêts à nous battre de nouveau si jamais vous y touchez« . Il y a effectivement quelques signes, quelques journalistes en prison. Il y a des lois de protection de policiers qui sentent un peu l’ancien régime, une tentative de museler la presse… Ces vieux comportements qui ont été actifs pendant 50 ans, ils ne disparaissent pas, surtout quand ce sont les mêmes hommes.  Donc nous sommes là pour dire : « nous nous sommes battus pour cette démocratie et quand vous voyez le Parlement débattre d’une loi liberticide, vous dites : mais attendez, il n’en est pas question… » Il faut être très méfiant, très exigeant, mais il faut aussi être très patient, parce que nous sommes dans des processus historiques complexes qui prennent du temps. Ma génération a fini son travail : je m’efforce de former une nouvelle génération de leaders qui puissent continuer le combat parce que le problème, c’est que si le temps géologique, ça se compte en milliers d’années, le temps des peuples se compte en centaines d’années, le temps des individus en quelques dizaines d’années. La maturation d’un peuple, son arrivée à l’étape démocratique – pas seulement un Etat démocratique, mais une société démocratique – ça prend des décennies et des décennies. Moi, je n’ai été qu’une étape dans ce processus : je transmets le flambeau à d’autres qui, eux, continueront ce combat.

Moncef Marzouki
source photo

Harak ne se veut pas un parti, mais un mouvement…

MM : C’est une mouvance, c’est un peuple de citoyens, ce n’est pas seulement le decorum, le rituel, les processus, les assemblées, ce sont des comportements, des attitudes, c’est une culture. C’est pourquoi, dans ce mouvement que je compte lancer, les aspects culturels et associatifs sont prédominants. L’aspect politique est secondaire, parce que nous  avons besoin d’un parti politique,  mais l’essentiel du travail se fera auprès des citoyens, auprès des jeunes pour les amener par exemple à s’inscrire dans les listes électorales, avec des explications de ce que sont les droits et devoirs des uns et des autres. Il y a tout un travail pédagogique à faire qui n’a pas été fait malheureusement pendant la dictature, au contraire, pendant la dictature, on a détruit toutes sortes de valeurs, notamment ce sens de la citoyenneté … Il faut maintenant reconstruire. (…)
Mon rêve, c’est d’être le « père spirituel » de ce mouvement. Je suis devenu Chef d’Etat, je ne peux pas monter plus loin… Je ne suis pas Sarkozy… je vois les choses de manière un peu plus complexe. Je voudrais vraiment mettre en place des processus, des expérimentations qui me survivent…

Comment voyez-vous la place de l’Islam politique en Tunisie ?

MM : J’ai toujours refusé de faire le distinguo entre laïc et islamiste. Pour moi la ligne rouge, c’est entre démocrate et anti-démocrate. Et dans cette famille démocrate, nous avons la chance d’avoir des islamistes démocrates, qui sont un peu l’équivalent des chrétiens-démocrates en Italie, donc des musulmans démocrates. Et de l’autre côté, des anti-démocrates qui sont aussi bien des laïcs que des islamistes. Il y a des islamistes antidémocrates, notamment les islamistes violents, armés, qui ne comprennent rien à la démocratie, qui la rejettent. Mais vous avez aussi des laïcs anti-démocrates : Ben Ali n’était pas islamiste… Pour moi la bataille politique doit être par les démocrates contre les antidémocrates. Tant que nous avons la chance en Tunisie d’avoir un parti qui accepte la démocratie, qui s’intègre à ce jeu démocratique, c’est un gain pour la démocratie. A la limite, la question qui se pose de plus en plus à ce genre de parti est de moins en moins idéologique et de plus en plus sociale. On ne lui demande plus maintenant « êtes-vous islamiste ou non ? » mais « quelle est votre position sur la réforme agraire, ou face à la corruption ? », etc. Donc on est, en Tunisie, en train de sortir de l’idéologie pour dire : ce sont des Partis de gouvernement, ils doivent résoudre les problèmes. La nouveauté c’est que « Ennhada » a accepté de s’associer avec un parti de l’ancien régime, un parti qui ne brille pas par son histoire démocratique : donc,  quel va être le résultat de ce mariage un peu bizarre … Moi, mon attitude vis-à-vis de n’importe quel parti n’a plus rien à voir avec les idéologies. Pour moi, l’idéologie, c’est de la fumée. On cache derrière les véritables intentions. Aujourd’hui les vraies questions en Tunisie comme dans les pays arabes, sont : comment répartir les richesses ? Comment combattre la corruption ? Comment faire décoller l’économie ? Et tout ce fatras idéologique en rapport avec les histoires de niqab, les histoires de ceci ou de cela, c’est tout simplement des tentatives de noyer le poisson et d’éviter de poser les vrais problèmes…

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Nous avons appris que la Tunisie était le principal pays pourvoyeur de recrues pour l’Etat islamique, pour Daech… Faites-vous confiance au gouvernement de ce pays pour lutter contre ce fléau ?

MM : La Tunisie est un pays curieux. C’est un pays arabe qui a le mouvement féministe le plus avancé, le mouvement démocratique le plus avancé, et en même temps nous sommes un grand fournisseur de terroristes. Mais il faut bien comprendre d’où ça vient. Pendant les 25 ans de dictature, une partie de l’opposition s’est renforcée dans le cadre de l’opposition démocratique, avec la société civile, etc, et une autre partie d’opposition islamiste fondée dans le refus et dans la violence, et au fond ces deux forces qui ont été créées sous la dictature, sont aujourd’hui « sur le marché ». Alors c’est vrai que nous exportons beaucoup de nos « desperados » de nos jeunes mais il ne faut pas oublier les Saoudiens, les Tchechènes, les Ouigours, que sais-je encore, des Européens… Le phénomène est international. Mais je voudrais ajouter juste sur l’attentat du Musée du Bardo : ces groupes s’attaquent à la culture (comme en Irak ou ailleurs) et c’est un message très fort. Ces gens disent « nous ne sommes plus de la même culture que vous » et la rupture est vraiment radicale. Nous sommes face à une radicalité totalement inconnue dans notre monde arabe, qui traduit la profondeur de la division dans le monde arabe et le danger d’une société radicalement éclatée. Mais il ne faut pas oublier que le « printemps arabe » a tiré le tapis sous les pieds de toute cette mouvance terroriste, djihadiste, qui se prenait pour la solution au problème de la dictature. D’une certaine façon, la dictature était très à l’aise de n’avoir en face d’eux que le terrorisme, et le terrorisme était très à l’aise de n’avoir en face de lui que la dictature. Et là arrive le « printemps arabe » pour dire « attention il y a une troisième force qui veut une transformation pacifique, démocratique », etc… et cela a pris de court aussi bien la dictature que le terrorisme, ce dernier déteste probablement plus le printemps arabe que la dictature. Et c’est pourquoi nous avons subi en Tunisie toutes ces attaques qui ont failli miner tout le processus, parce que à la limite ce que voulaient les uns et les autres, aussi bien la dictature que le terrorisme, c’est que nous, les démocrates, disparaissions du paysage pour qu’ils restent entre eux, se renforçant l’un et l’autre. La dictature sait très bien qu’elle a besoin du terrorisme pour se renforcer, pour se légitimer, et le terrorisme a besoin de la dictature pour exister, et donc aujourd’hui c’est de savoir si nous pourrons résister « entre le marteau et l’enclume », empêcher que le monde arabe soit pris entre le marteau et l’enclume et soit détruit aussi bien par la dictature que par le terrorisme.

La presse mentionne un jeune djihadiste suisse qui brandit une tête coupée…Qu’auriez-vous envie de dire à ce jeune homme suisse de 18 ans, converti à l’islam et qui s’apprête à partir pour le djihad ?

MM : Là, nous sommes dans l’irrationalité la plus totale. Ma première réaction est une réaction de honte dans la mesure où ces terroristes commencent par faire détester les islamistes. Moi je connais les islamistes, il y a des islamistes démocrates, des islamistes modérés, des islamistes imbuvables, c’est un spectre… Mais ce genre d’acte fait détester tous les islamistes, puis fait détester tous les musulmans et enfin fait détester l’islam et moi cela me fait mal ! Est-ce que les Suisses savent que 99 % des victimes du terrorisme islamiste sont des musulmans ? Nous sommes les premières victimes de cette folie, car c’est de la folie. Je suis un homme rationnel et j’ai du mal à expliquer ce type de comportement. Nous sommes doublement victimes parce que c’est nous qu’on tue, ce sont nos pays qu’on détruit, mais aussi  notre réputation. Je me mets à la place d’un Suisse moyen, qui voit ce genre de choses, et qui se dit « mais c’est quoi , ces sauvages  musulmans? » Or les musulmans n’ont rien à voir avec cela. Ces gens-là nous portent un tort terrible, alors nous sommes vraiment dans le psycho-pathologique, mais cela traduit aussi une réaction – je dis cela sans rien excuser – contre tellement d’injustice: ils sont allé beaucoup, beaucoup trop loin, et c’est devenu le problème de tous. On doit réfléchir à des solutions qui ne soient pas seulement sécuritaires, armées, etc, mais aussi face à toutes ces blessures psychologiques, ces mentalités de rejet de l’autre, qui entraînent l’islamophobie, etc…


La marée pour tous…

28.05.13

De passage à Paris au moment de la  » Manif pour tous « , ce dimanche 26 mai, et curieux de humer l’air du temps autrement que par petits plats mijotés par les journaux télévisés, l’Abrincate a flâné parmi les manifestants, par curiosité, et en a tiré quelques impressions…
Pour l’analyse du sujet sur le fond, se reporter à un autre billet de ce blog.

L’immense majorité des manifestants étaient en couple ou en famille, et visiblement, des familles avec enfants sont venus pour défier les avertissements du Ministre de l’Intérieur qui, la veille, avait insisté pour que les familles n’amènent pas leurs enfants : les medias se sont donc précipités pour interviewer les familles :

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Tous les ingrédients nécessaires à une manifestation festive étaient réunis, avec quelques mimétismes de « gay pride » : sonorisation mobile :

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et reprise du drapeau arc-en-ciel, mais avec le symbole de la famille en surimpression :

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Il est rare de voir une manifestation ouverte
par un escadron de gendarmerie harnaché jusqu’aux dents…

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…chargé de détecter les casseurs
qui tenteraient de s’infiltrer dans le cortège :
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Des immeubles entiers témoignaient de leur solidarité
(boulevard St Germain) :

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Des jeunes filles  avec bonnets phrygiens,
et disant représenter les régions de France,
s’activaient à donner un look révolutionnaire à l’événement :

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Des groupes de manifestants attendaient le cortège,
comme s’ils attendaient la marée…
pour s’y joindre à son passage et, en attendant,
applaudissaient les gendarmes qui ouvraient le défilé en leur criant :
« Allez les Bleus« …

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Beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeunes :

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On laissera le lecteur contempler ci-dessous,
sans grands commentaires,
des échantillons de slogans qui en disent long
sur les amalgames de mots d’ordre,
et imaginer cela sur fond de sonorisation lancinante :
« on ne lâ-che-ra rien, jamais-jamais-jamais« ,
véritablement hurlé en quasi-continu (place des Invalides).
Le litige porte bien sur l’utilisation du mot « mariage »
et sur les conséquences, potentielles ou fantasmagoriques,
que le terme et la loi votée et promulguée entraînent.
Sans mauvais jeu de mots,
il y avait pour le moins un « mélange des genres ».
Qu’on en juge :

la métaphysique…

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l’inévitable écologie…

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le n’importe quoi…

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la bande dessinée…

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A quand le mariage lyophilisé ?

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« Pense-à-tout », sauf à fermer sa braguette…

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Heureusement, un peu d’humour…

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Une petite pensée pour Robert Lamoureux…

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Exact !

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Vivement  la prochaine élection présidentielle …

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Signé : « de la part de l’enfant No 3 « …

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Message codé réservé aux moins de 18 ans…

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On oublie la reine ?

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Contresens sur la parité…

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C’est notre série : «  les incontournables intemporels « 

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Bêtise et vulgarité…

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 » C’est celui qui l’dit qu’y est… »

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Manif transversale…

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Triste,triste, triste, à 16 ans…

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Et réciproquement…
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Vive la transparence…

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 A quand 200 000 manifestants
en faveur des 5 millions de chômeurs et précaires ?DSC07097

sans oublier …

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PS : toutes les photos ont été prises par l’Abrincate


Eloge de la transparence … (No comment)

20.05.13

 

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(Où se cache Sarkozy ?)

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Archives 001

PS : toutes les photos ont été prises par l’Abrincate


Au zoo de Genève…

16.04.13

 » La grenouille qui veut se faire
aussi grosse que le boeuf
« 

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Certains insectes ont des yeux à géométrie variable
qui sortent des trous pour regarder en arrière…
comme un rétroviseur

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Certains petits mammifères vous tirent la langue
tout en vous fixant dans les yeux …

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Certains gros insectes sont prêts à s’envoler
à n’importe quel moment …

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Certains mammifères lourds et pesants
peuvent avoir de la classe dans la démarche…

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… tandis que d’autres savent témoigner
d’une élégance toute féminine

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Certains animaux
ne sont vraiment pas gâtés par la nature…

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Animal rare (« lamborghiniense »…)
que vous ne pouvez acquérir comme animal de compagnie
qu’avec un prêt du Fonds Monétaire International…
(un nombre à 6 zéros…)

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Animal vivant dans les déserts les plus arides :
il ne consomme qu’un litre
pour parcourir cent kilomètres…

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Certains animaux dits amphibies naviguent sur l’eau
autant qu’ils galopent sur terre

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Photos prises par l’Abrincate au Salon de l’Auto de Genève 
Mars 2013

Face à la crise, des jeux, des jeux, des jeux…

22.06.12

Aviez-vous remarqué que parmi les multiples symptômes de la crise financière, économique,etc… on n’entend parler que de désindustrialisation, de plans sociaux, de fermetures d’usine, de licenciements par milliers, de délocalisations, et toute la litanie des termes qui disent la crise en même temps qu’elles cherchent à la masquer…
Personne n’a jamais entendu dire que le tournoi de Wimbledon était menacé, que la Pologne et l’Ukraine avaient les plus grandes difficultés à boucler les travaux de l’Euro 2012, que le Grand Prix de Formule 1 du Canada risquait la faillitte…

Pendant la crise, le sport occupe la façade: après Roland Garros, c’est l’Euro 2012 qui accompagnera le tournoi de Wimbledon, juste avant le Tour de France, qui sera immédiatement suivi des Jeux Olympiques de Londres…

Tous les budgets sont donc disponibles, l’argent des sponsors coule à flots…

Si vous avez la patience de butiner dans les informations ci-dessous, vous serez peut-être effaré-e de certains chiffres, mais vous comprendrez peut-être aussi , par le dernier paragraphe, que, malgré la fête, les Jeux Olympiques peuvent être une catastrophe pour tout un peuple… 

Où sont les Indignés ? devant la télé ?

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Dans le  » Financial Times  » du 16 juin dernier (page 24, en haut à gauche…), on apprend que « British Sky Broadcasting » et  » British Telecoms » ont déboursé 3 milliards de Livres (3,718 milliards d’euros) pour la diffusion en direct des matches de la Ligue 1 anglaise pour 3 saisons à partir de 2013/14, c’est à dire 70 % de plus que le contrat en cours.
Cela fera 6,5 millions de livres (8 millions d’euros) par match diffusé.

Vingt clubs en bénéficieront pour payer les salaires des joueurs, en priorité les joueurs d’élite. Et l’article ajoute :  » There is a lot of class hypocrisy in the UK over the enormous financial rewards for working class boys who play fottball. But they are good at what they do and they get paid the going rate for doing it.
The rest of us are just in the wrong job. »

« Il y a beaucoup d’hypocrisie de classe au Royaume-Uni à propos des énormes rémunérations pour des jeunes de la classe ouvrière qui jouent au football. Ils sont excellents dans ce qu’ils font. Ils sont bien payés pour ce qu’ils font. Nous autres, nous nous sommes trompés de métier. »

Les contrats de diffusion pour les chaînes européennes révèlent les montants suivants :

Italie (Série A) : 2,1 millions euros par match.
Allemagne (Bundesliga) : 2,1 millions euros par match
France (Ligue 1) : 1,6 million euros par match
Espagne (La Liga) : 1,3 million euros par match

Comme chacun sait, il n’y pas de crise économique en Angleterre.
Il y a simplement une petite chaleur printannière des étudiants qui manifestent conte le triplement des frais d’inscription à l’Université.

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Combien coûte/rapporte le tournoi de Roland Garros ?

Sur le site  « Journal du Net », on apprend que
 » Le tournoi rapporte donc beaucoup d’argent. Que fait la FFT des 47 millions  d’euros de recettes ? « Nous ne faisons aucun bénéfice, précise Jean-François  Villotte. Tout est distribué aux ligues, comités, clubs, aux activités fédérales  et à la direction technique. » La réussite du tournoi fait donc vivre le tennis  amateurs et professionnel dans l’Hexagone.
(…) Avec ses 22 millions d’euros, la billetterie compte pour 19 % du budget.
(…) 15 millions d’euros de dotations rémunèrenent les sportifs. Avec une nouveauté en 2007 : la parité. Les vainqueurs des tournois féminin et masculin empochent pour la première fois la même récompense : un million d’euros chacun.
(…)De 14 290 euros pour une défaite au premier tour à 1 million d’euros pour les vainqueurs des simples.
(Et donc le joueur éliminé dès le premier match touche 15 000 euros ?  Cela coûte 15 000 euros pour dire à un joueur :  » Merci d’être venu »  ?)


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Un Grand Prix de Formule 1 en France en 2013 ?

Sur le site  » Tour de Chauffe « , on apprend : « (…) Reste à trouver les financements, soit 25 millions d’euros entre le coût du plateau et les frais d’organisation. Pas simple. D’autant que le contrat type proposé par Ecclestone ne laisse aux pays hôtes que les seules recettes de billetterie, bien insuffisantes pour éviter un déficit. Mais la facture pourrait être allégée par une alternance entre les Grands Prix de France et de Belgique.

Combien gagne le vainqueur d’un Grand prix de Formule 1 ?
On apprend sur cette page :
 » Kimi Raikonen a gagné 40 millions de dollars par an, et il n’a gagné aucun championnat dans l’année. »

Le pilote de Formule 1, Fernando Alonso, « gagne 30,000,000 € par an  cela représente 2,500,000 € par mois,  638,298 € par semaine ou 127,659.57 € par jour!

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Combien coûte l’organisation de l’Euro 2012 en Pologne et Ukraine ?

Réponse :  » Le budget de la manifestation est estimé actuellement à 44 milliards d’euros dont 25 uniquement pour la Pologne. Pologne Le 85% du budget sera consacré à l’amélioration de l’infrastructure que cela soit au niveau des moyens de transports (poste le plus important)

Pologne
Le 85% du budget sera consacré à l’amélioration de l’infrastructure que cela soit au niveau des moyens de transports (poste le plus important avec la construction d’autoroute et des voies ferrées) ou des stades. La ville de Varsovie va investir 250 millions d’euros pour la construction d’une nouvelle ligne de métro.
Au niveau du financement, le fond de financement de l’Union Européenne devrait couvrir le 20% des frais des projets liés au infrastructures. Le reste sera pris en charge par l’état polonais.

Ukraine
6.8 milliards d’euros seront investis pour la rénovation ou la construction d’infrastructures avec en outre le stade de Kiev qui accueillera la finale. »

Le stade de Kiev (Ukraine)

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Le Tour de France ?

 » 22 équipes au départ : en moyenne, une équipe présente sur le Tour de France s’aligne avec un budget de 9,2M€. »
Rabobank : 15M€ de budget .(…) Ils paient très cher leurs leaders (Cavendish, Gesink, Karpets…). Saxo Bank engloutit d’ailleurs une  partie de son budget (7M€) dans le salaire d’Alberto Contador de même que la nouvelle équipe Leopard Trek doit assumer les deux salaires des frangins Schleck et du Suisse Cancellera. Raison pour laquelle l’équipe luxembourgeoise aligne le quatrième plus gros budget de ce Tour de France 2011 avec 13M€.

Sur le site « Pronostics » : Pour le Maillot Jaune, un million d’euros sont versés, pour le Maillot Vert, 145.400 euros et 106.750 euros pour le Maillot à pois. »


source photo

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Jeux Olympiques ?

Dans le « Journal Canadien des Affaires« , on apprend ceci :

 » L’exemple célèbre est celui de Montréal, la ville qui a pris 30 ans pour rembourser ses 1,5$ milliards de dette des Jeux olympiques de 1976.
Une autre est Athènes, où les contribuables ont encore du mal à rembourser les milliards dépensés pour les Jeux de 2004, une facture qui a fini par être plus de cinq fois son estimation initiale.
Et puis il y a Nagano, au Japon, qui a tant dépensé pour les Jeux d’hiver de 1998, et soulevé tant de soupçons, que les organisateurs olympiques ont brûlé leurs dossiers financiers.

(…) Même pour les villes qui affirment être rentrées dans leurs frais, de nouvelles recherches démontrent le contraire. Pour certains hôtes, les coûts annuels d’opérer d’énormes installations sportives mènent à l’endettement. À Sydney, en Australie, par exemple, l’estimation des coûts à long terme est de 2,3$ milliards pour exploiter le Stade Olympique de 90 000 places. Et en 2005 — un an après ses Jeux d’été— Athènes a rapporté que les coûts annuels d’entretien sur les installations olympiques étaient de  124$ millions. Pendant ce temps, la plupart de ces installations restent sous-utilisées.

 

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La leçon de méthode de RIO + 20

20.06.12

Passé le tsunami des lamentations sur l’échec de la conférence RIO + 20 – d’ici trois jours, on sera « passé à autre chose » – et de l’expérience acquise dans la fréquentation répétée de ce genre de Conférence, Congrès, Sommet, etc… on ne peut s’empêcher de tirer une leçon probablement définitive : la sauvegarde de la planète et l’intérêt des générations futures ne peuvent probablement plus résulter d’une démarche internationale de ce type.
La concentration de pouvoirs, y compris ceux de la société civile, dans  » l ‘unité de temps, d’action et de lieu  » des tragédies classiques, n’est plus justifiée que par leur intérêt médiatique qui peut avoir son importance – mais les chefs d’Etat des pays les plus importants et décisifs ne s’y déplacent même plus.

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Le sujet est donc devenu trop sérieux et trop grave pour attendre quoi que ce soit d’Etats qui ne sont plus préoccupés que par leur propre survie, face à la globalisation financière, face à la mondialisation des échanges, aux phénomènes migratoires et … aux « obligations électorales ».

Les acteurs de la société civile, et y compris une nouvelle génération d’industriels, parallèlement aux innovations sociales de nombreuses ONG et associations locales, ont commencé depuis longtemps à travailler concrètement et efficacement sur le terrain, sans attendre les mots d’ordre et « éléments de langage » issus des grands raouts planétaires.
Si échanges, dialogues et confrontations il doit y avoir, y compris pour contraindre les Etats à modifier ou créer des lois et normes, cela ne pourra venir que sur impulsion du niveau local, national, voire regional (exemple : l’Union Européenne).

Nous entrons dans une période nouvelle où les Sommets « thématiques », cloisonnés dans leur propre langage technique, ont fait leur temps : il ne devrait plus y avoir de Conférence Mondiale de l’OMC sans y inclure les conclusions des Conférences de la FAO sur la faim dans le monde (qui résulte plus, comme on le sait, de la spéculation boursière que de la pénurie alimentaire), sur les conclusions d’un Rio sur les conséquences des changements climatiques et la sauvegarde de l’environnement.


Les véritables changements ne viendront pas d’une structure de gouvernance mondiale formelle, créées par les Etats, dont d’ailleurs beaucoup ne veulent plus entendre parler – et que de toute façon, les multinationales ont vite fait de noyauter (voire le Forum mondial de l’Eau à Marseille en mars 2012), mais par la pression de la société civile, légitimée par les résultats efficaces de son action locale ou nationale.

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Puisque les Etats ne sont pas fichus de prendre au sérieux leur propre ratification des instruments juridiques internationaux, la société civile s’en chargera, mais d’une autre manière (à condition qu’elle-même ne se laisse pas noyauter par les intérêts privés). Et s’il y a nécessité d’une forme de gouvernance mondiale, ce sera par une sorte d’évidence issue de l’action d’une multitude d’acteurs de la société civile qui obligeront les Etats à être sérieux : ce serait tout de même un comble que les notions de bien public, de bien commun de l’humanité, de coopération, de solidarité deviennent  le monopole des acteurs de la société civile, tandis que les Etats ne seraient plus que la bouteille presque vide qui flotte au gré des tempêtes boursières, des coups d’Etat, des modes médiatiques (3 thémes internationaux par semaine… renouvellement permanent des stocks…) etc.

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A la réflexion du Mahatma GANDHI qui disait :

« The world has enough for everyone’s needs,
but not enough for anyone’s greed”.

« Le monde a suffisamment pour les besoins de chacun,
mais pas assez pour l’avidité de n’importe qui. »
(…)
les gens et les communautés locales
vont de plus en plus se prendre en mains
et créer des formules de survie locale et régionale.
Comme disait Coluche
en créant les « Restos du Coeur »
devant l’aggravation de la misère:
 » Si les politiques disent qu’ils ne savent pas faire,
eh bien, nous, on va leur montrer qu’on sait faire
. »


Berlin : avant / après … et ensuite ?

18.05.12

De passage à Berlin,
voici quelques impressions :

AVANT

Churchill, Truman et Staline à la Conférence de Postdam en 1945,
qui fixera le partage du territoire allemand entre les vainqueurs,
ce qui entraînera ultérieurement la guerre froide
dont la construction du Mur de Berlin en 1961
sera le symbole le plus symbolique.

APRES

Les trois acteurs de la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 :
Georges Bush (père), Helmut Kohl, et Mikhail Gorbatchev

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AVANT

Checkpoint Charlie, symbole absolu de la Guerre froide,
autour duquel les chars des deux blocs s’épient

APRES

Le même Checkpoint Charlie,
lieu de tourisme et de fast-food…

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AVANT

APRES

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Et la suite,
c’est comme AVANT ? 
ou comme APRES ?

Post-soixante-huitard ou … prémonitoire ?

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 » Maintenant  dure combien de temps ? « 


Le président et les clés de l’urne…

11.05.12

Dans le communiqué du Conseil Constitutionnel
officialisant l’élection de François Hollande
à la Présidence de la République,
on y découvre une anecdote
digne de Michel Audiard
dans les  » Tontons Flingeurs  » :

(…)

4. Considérant que, dans la commune d’Artigue (Haute−Garonne), dans laquelle 33 suffrages ont été exprimés, le
délégué du Conseil constitutionnel a relevé que seul le président du bureau de vote était présent une grande partie de
la journée, qu’il émargeait à la place de certains électeurs et disposait seul des clefs de l’urne, en méconnaissance
des dispositions des articles R. 42, L. 62−1 et L. 63 du code électoral ; que, par suite, il y a lieu d’annuler l’ensemble
des suffrages émis dans la commune ;

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Dans la commune d’Artigue, en 2007, sur 39 inscrits,
il y avait eu 36 votants au premier tour

dont 20 pour Sarkozy,
5 pour Bayrou,
4 pour Royal,
et
2,78 % des voix pour Jean-Marie le pen (= 1 voix…)
idem pour Arlette Laguiller ( = 1 voix)
idem pour José Bové (= 1 voix)…


L’action sociale de plus en plus incompétente ?

1.12.11

Un étrange entretien, publié dans le quotidien suisse  » Le Temps  » (29.11.11),
donne la parole à un pédopsychiatre
et fondateur d’une association d’aide aux migrants,
Jean-Claude Métraux
qui vient d’éditer un livre :
 » La migration comme métaphore « 
(Ed. La Dispute) :

Question de la journaliste :  » Nous sommes de plus en plus incompétents, écrivez-vous à propos des professionnels de l’aide aux migrants. Le constat est rude ! … »

Réponse :  » C’est dit brutalement, mais cela correspond bien à ce que je vois sur le terrain : les professionnels sont de mieux en mieux formés, mais souvent pas plus compétents à améliorer la santé des personnes en souffrance. » (…)
Le noeud  du problème, c’est celui d’une aide qui va du haut en bas, du professionnel compétent au fragilisé sans parole.
Le premier besoin des migrants en difficulté est d’être reconnus en tant qu’ êtres humains.
On en peut pas se contenter d’adopter la distance thérapeutique habituelle sans se poser la question de l’inégalité fondamentale entre eux et nous.

(Il y a quinze ans ) nombre de projets contestaient le modèle de haut en bas.Les professionnels s’engageaient aux côtés de migrants.(…) On considérait les médiateurs migrants comme des interlocuteurs à part entière.(…)

(L’interprète joue un rôle-clé) car il permet  de rendre la, parole à la personne migrante (et) sa présence casse le rapport de haut en bas entre elle et le professionnel. Lorsque l’interprète est là, mois, le psychiatre, je ne suis plus tout à fait maître de l’entretien.. (…)
Aujourd’hui la tendance se répand à prôner un interprétariat « transparent », qui fournit une traduction mot à mot et où l’interprète n’est plus considéré comme un interlocuteur à part entière.

Jean-Claude Métraux

Question :  » Que penser des jeunes délinquants issus de familles migrantes, ceux dont personne ne sait que faire ?  » 

R :  » Souvent le comportement des jeunes en rupture  constitue une manière de renvoyer dos à dos les parents et les professionnels : lorsqu’on est tiraillé entre deux appartenances, rompre avec l’une et l’autre est une manière de s’en sortir. Dans ces cas-là, la priorité est d’établir une alliance entre la famille et les professionnels : on a affaire à un problème de relation, pas de compétence. Et pour qu’il y ait alliance, il faut que les parents soient pris en considération et pas disqualifiés par une armada de spécialistes qui augmentent à mesure que l’affaire se complique. » (…)

 » La tendance est de former des spécialistes. Il vaudrait mieux miser sur des généralistes dotés d’une attitude ouverte face à l’altérité. Surtout le plus difficile : commencer par reconnaître notre impuissance à soulager la souffrance sociale. »(…)

Question :  » Vous suggérez aussi de dynamiter la distance thérapeutique ? »

«  Avec les personnes  qui sont privées de lien social, l’établissement d’un tel lien constitue une prémisse indispensable à toute relation thérapeutique. Les aidants ont appris à ne rien livrer d’eux-mêmes. Mon expérience me dit que par moments, livrer quelque chose de soi est essentiel. Cela permet à mon interlocuteur de reconnaître  la commune humanité entre nous et de commencer  à construire un monde de sens commun. »

Question :  » Nous sommes tous des migrants  » : qu’entendez-vous par là ? « 

(…) Passer d’un univers à l’autre, cela rrive dans un même pays,  entre classes sociales, entre deux époques. Nous vivons tous cette expérience, il n’y a pas d’un côté les autochtones et de l’autre les migrants. Le danger c’est de figer l’autre dans sa différence, de considérer son problème comme forcément lié à la migration. Je crois que si nous parvenons à reconnaître le migrant en chacun de nous, notre regard change et cela dénoue beaucoup de choses. »

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Toutes choses égales par ailleurs, dans beaucoup de domaines de l’action sociale, éducative, humanitaire ou  médicale, à des degrés divers et sans exagération  intempestive, on constate une tendance à la volonté de formation poussée à l’extrême (ce qui est une forme de management des esprits –  » vous n’êtes jamais à la hauteur de nos ambitions « , etc – et il arrive parfois que le degré de complexité et d’exigence de formation tourne, sous prétexte de professionnalisation, à l’abrutissement humain, à la dématérialisation de la relation et, parfois  de l’action elle-même (ce qui compte c’est ce que l' »on » en dit et l’image qu' »on » donne, surtout si, dans le cade associatif, « on » cherche des budgets).

On se permettra ici, librement, de suggérer le rapprochement avec les constats et analyses de  » L’Appel des appels » (2008) où plusieurs représentants de diverses professions expriment les mêmes réserves sur les tendances contemporaines du travail « avec l’humain » :

 » Nous, professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture et de tous les secteurs dédiés au bien public, avons décidé de nous constituer en collectif national pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social. Réunis sous le nom d’Appel des appels, nous affirmons la nécessité de nous réapproprier une liberté de parole et de pensée bafouée par une société du mépris.