Le « fourre-tout » de ce que l’on demande aux O.N.G…

Propos entendus au « zinc » du « Café du Commerce » :

On demande aux O.N.G. :

– d’être politiquement neutres, mais d’être animées par des militants engagés ;

– d’intervenir en urgence, mais d’agir aussi sur les causes profondes des malheurs de l’humanité ;

– de résoudre les problèmes du bon peuple, mais en leur reprochant de s’auto-proclamer et de pas ètre élues ;

– d’aller replâtrer les quartiers que l’Etat abandonne sciemment, mais de ne pas se substituer à l’Etat dans ses obligations ;

– d’aller « sans frontières » promouvoir le droit d’ingérence, mais de respecter la souveraineté des Etats ;

– d’être efficaces dans les 24 heures qui suivent l’émotion générale télévisée, mais de se coordonner préalablement avec les Etats et les autres O.N.G. ;

– de dénoncer les responsables des situations inhumaines, mais d’obtenir leur autorisation pour accéder aux victimes ;

– d’être peut-être les derniers à pouvoir témoigner des pires violations des droits humains par les Etats, mais d’être le dernier rempart de l’Etat face à la mondialisation ;

– d’être le contre-pouvoir de gouvernements inefficaces, mais de ne pas se constituer en « cinquième pouvoir » ;

– de promouvoir l’universalité des droits humains, mais de respecter la diversité des cultures ;

– de soutenir les paysans sans terres du Nordeste du Brésil, tout en leur reprochant d’avoir une vision occidentale du développement ;

– de promouvoir « urbi et orbi » le développement économique, mais selon un mode de croissance largement contesté chez elles ;

– de résoudre le problème de la dette des pays pauvres, mais en leur reprochant de rien comprendre à l’économie ;

– de mener la croisade contre les « faux-nez » du libéralisme économique, mais de se positionner, en bonnes multinationales, sur le marché des donateurs ;

– de travailler avec les paysans du nord du Bangladesh, mais en même temps de savoir présenter un « dossier-béton » au siège de la Banque Mondiale ;

– de se limiter à l’assistance aux victimes, mais de ne pas être le « service après-vente » (d’armes) dans les conflits armés ;

– de poursuivre les bourreaux, mais de ne se substituer ni à la police ni à la justice ;

– d’intervenir dans les orphelinats du Khirgistan, mais aussi parmi les clandestins de la région parisienne ;

– d’être hyper-médiatique pour alerter l’opinion publique, mais de rester sobre, sans jouer aux « charismatiques » ;

– d’être dirigés par des experts à temps-plein de la complexité du monde, mais avec des budgets parfois microscopiques ;

– d’être gérées comme des entreprises (qui, comme chacun sait, ne font jamais d’erreurs…), mais de ne pas raisonner sur des critères purement économiques ;

– de fonctionner de manière professionnelle, mais de ne pas avoir de frais administratifs ;

– d’avoir les capacités et la rapiditié des interventions militaires, mais de fonctionner en scrupuleuse démocratie interne;

– de ne pas gaspiller l’argent dans les congrès internationaux, mais de travailler en réseau ;

– de trouver (toutes) les réponses, mais sans trop (se) poser de questions.

On va se réunir pour en discuter…

5 Responses to Le « fourre-tout » de ce que l’on demande aux O.N.G…

  1. […] Dans ces situations-là, le dilemne est le suivant : le “surplus” reçu du public doit-il être affecté à la population pour laquelle les donateurs se sont mobilisés, mais pour des besoins à plus long terme, ou bien une ONG peut-elle décider de l’affecter à d’autres besoins, tout aussi urgents, pour d’autres populations, dans d’autres pays, qui ne bénéficient pas de la même couverture médiatique ? Les jugements à l’emporte-pièce vont bon train : l’action humanitaire est par excellence le domaine où l’on passe, d’une minute à l’autre, de l’admiration la plus béate à la dénonciation la plus féroce… On se reportera ici à un précédent billet de ce blog : “Le fourre-tout de ce que l’on demande aux O.N.G.” […]

  2. […] et souvent contradictoire : voir sur ce point un précédent billet de ce blog, intitulé : “Le fourre-tout de ce que l’on demande aux ONG”. Sans oublier que, comme toutes les institutions humaines, elles ont leurs propres défauts, leurs […]

  3. […] On proposera à Mme Saporta de se racheter de la très modeste pub que ce blog lui offre, en mettant sur le chantier un ouvrage qui tenterait d’analyser de manière si possible un peu honnête ” Le fourre-tout de ce que l’on demande aux ONG “. […]

  4. […] ” Le fourre-tout de ce que l’on demande aux ONG “ […]

  5. […] «   » La chute du Mur de l’humanitaire ? »  » Le fourre-tout de ce que l’on demande aux ONG «   » Otages … de l’humanitaire ? » «  De l’éthique […]

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